La lutte contre la pandémie est la première des priorités. C’est un test pour la solidarité européenne et pour nos institutions, mobilisées dès le début de la crise pour déployer des mesures de protection à la hauteur des enjeux. Nous tenons à saluer et soutenir les actions menées par les gouvernements, les institutions européennes, les autorités locales, les scientifiques, les soignants, tous les volontaires, les citoyens et les acteurs économiques. La crise dure, mais elle aura une fin. En luttant ensemble, nous vaincrons.
Dans cette situation d’une extrême difficulté, nous vivons un choc inédit pour l’économie et les travailleurs. Une réponse forte et coordonnée sur la durée est indispensable. Nous saluons les prises de position des leaders européens qui affirment vouloir faire “tout ce qui est nécessaire” pour contrer les conséquences sociales et économiques de la crise. Toutefois, il faudra aussi agir à plus long terme.
Pour un modèle plus résilient, protecteur et souverain
Après la blessure de la crise viendra le temps de la reconstruction. Avec lui, nous aurons l’opportunité de repenser nos sociétés. Il nous faudra développer un modèle de prospérité nouveau, compatible avec nos besoins et nos priorités. La guérison économique nécessitera des investissements massifs pour protéger des emplois et en créer de nouveaux, soutenir les entreprises, les régions et les secteurs qui souffrent de l’arrêt forcé et soudain de l’activité. Ces investissements doivent permettre l’émergence d’un modèle économique plus résilient, plus protecteur, plus souverain.
Ce sont justement les principes sur lesquels repose la transition écologique. La transformation vers une économie neutre en carbone, des systèmes agricoles plus durables et la protection de la biodiversité ont le potentiel pour créer rapidement des emplois, de la prospérité et améliorer la qualité de vie des citoyens. C’est ainsi que nous construirons des sociétés plus résilientes.
Il ne s’agira pas de recréer une économie ex nihilo. Au cours des dix dernières années, de nouvelles technologies ont été développées et les chaînes de valeurs se sont transformées. Le coût de la transition s’est massivement réduit, par exemple dans les énergies renouvelables, le développement de la mobilité “zéro émissions”, l’agroécologie, l’efficacité énergétique, etc. Il y a 10 ans en 2009 après la crise financière, nous n’avions pas encore fait la preuve de la rentabilité de la rénovation thermique des logements, les voitures sans émissions n’étaient que des prototypes, l’énergie éolienne coûtait 3 fois plus cher qu’aujourd’hui, le solaire 7 fois.
La volonté politique est là. La stratégie aussi. Des projets de transition vers la neutralité climatique comme le Green Deal européen ont le potentiel pour reconstruire notre économie sur la base d’un nouveau modèle de prospérité. Nous considérons que préparer l’Europe pour l’avenir signifie construire les plans de relance nationaux et européen en inscrivant la lutte contre le changement climatique au cœur du moteur économique. Le temps de la mise en œuvre est venu.
Pour une alliance européenne de décideurs
Nous reconnaissons également que l’impact social de l’épidémie de Covid-19 est déjà énorme et que résister à de nouveaux investissements dans la transition vers une économie neutre en climat, n’est pas la voie à suivre. Pour que des initiatives telles que le Green Deal européen continuent à être largement acceptées, elles doivent plus que jamais répondre aux besoins sociaux de notre société. Des progrès ont été réalisés dans l’identification des défis sociaux potentiels de la transition, et des outils ont été et peuvent encore être développés pour assurer une transition juste et équitable.
Nous appelons à une alliance européenne de décideurs politiques, de chefs d’entreprise et de dirigeants financiers, de syndicats, d’ONG, de groupes de réflexion et de parties prenantes à soutenir et à mettre en œuvre la mise en place de paquets d’investissement pour la relance verte et la biodiversité, qui serviront d’accélérateurs de la transition vers la neutralité climatique et des écosystèmes sains. Nous nous engageons à travailler ensemble, à partager nos connaissances, à échanger notre expertise et à créer des synergies pour mettre en place les décisions d’investissements dont nous avons besoin.
Le Covid-19 ne va pas chasser la crise climatique. Ces deux batailles, ne les opposons pas, mais gagnons-les ensemble. C’est cela qui nous rendra plus forts.
Chapeau et intertitres sont de la rédaction.
La liste complète des 180 signataires est disponible au pied de ce texte qui sera mis en ligne ce lundi matin sur lalibre.be. Parmi ces signataires on retrouve : Pascal Canfin, député européen, président de la commission de l’Environnement, Renew Europe ; Jean-Paul Agon, PDG du Groupe L’Oréal ; Eric Andrieu, député européen, vice-président du groupe S&D ; Wolfgang Anzengruber, PDG de Verbund ; Julie Beaufils, secrétaire générale de EuropeOn ; Per Bolund, ministre suédois des Marchés financiers et de la Consommation ; Anna Lisa Boni, sécrétaire générale d’Eurocities ; Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire ; Tim Brett, président de l’Unité Europe de l’Ouest, Coca-Cola ; Jesper Brodin, PDG INGKA group – Ikea ; Bertrand Camus, directeur général de Suez ; Olivier Chastel, député européen, Renew Europe ; Petra de Sutter, députée européenne, présidente de la commission du Marché intérieur et la Protection des consommateurs, Verts/ALE ; Carole Dieschbourg, ministre du Luxembourg de l’Environnement, Climat et Développement durable ; Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint Gobain ; Sandrine Dixson Declève, co-présidente du Club de Rome ; Gilles Disckson, PDG de WindEurope ; Emmanuel Faber, PDG de Danone ; Franz Fayot, ministre du Luxembourg de l’Économie, Coopération et Aide humanitaire ; Ignacio Galán, PDG Iberdrola ; Pierre Gramegna, ministre des Finances du Luxembourg ; Marc Grynberg, PDG de Umicore ; Helena Helmersson, PDG du Groupe H&M ; Peter Hug, directeur général, European Building Automation and Control Association ; Alain Jope, PDG Unilever ; Adrian Joyce, secrétaire général de la European Alliance of Companies for Energy Efficiency in Buildings ; Werner Kogler, vice-chancelier de l’Autriche ; Martin Lundstedt, PDG du Groupe Volvo ; Isabella Lövin, ministre suédoise de l’Environnement, Climat et vice-Première ministre ; Peter Vanacker, PDG Neste ; Laurence Tubiana, professeur à Sciences Po Paris, ambassadrice pour les négociations de la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP21), directrice de la European Climate Foundation…